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28 juin 2022La célébration des obsèques de Soeur Andrée LAVILLE-décédée au Puy-en-Velay le 22 octobre- a eu lieu dans la chapelle de l’Ehpad Nazareth où elle habitait en communauté. Nos sœurs venues d’Issoire ont préparé le mot de présentation pour le temps de l’accueil. Sa famille était bien représentée (environ 14 ou 15 personnes) et son neveu avait préparé un mot pour sa chère Tatie Dédée.
Au cimetière, ils ont chanté tous en chœur avec l’aide du Smartphone d’une de ses nièces : La chanson de Marie Myriam / l’oiseau et l’enfant / prix d’Eurovision en 1977 (à ce temps là elle habitée à Trappes) Sa soeur avait dit d’elle : « Oui, notre chère Dédée a pris son envol comme une jolie colombe ! »
Chère Andrée !
Depuis un certain temps tu étais déjà bien silencieuse et aujourd’hui ta voix s’est éteinte définitivement car tu as « pris ton envol comme une jolie colombe » selon la belle expression de ta chère sœur M Claire, et nous sommes là, un petit nombre, le cœur lourd mais chargé de nombreux souvenirs, pour cette ultime rencontre priante et célébrante de l’A-DIEU et de l’AU-REVOIR.
Tu es là, chère Andrée, nous rassemblant une dernière fois pour évoquer quelques traits de ce que fut ta vie et ta mission de SEJ.
Notre Règle de Vie commence par ces mots :
« Nous n’avons d’autre Règle que Jésus Christ,
Selon le chemin qu’il fut donné de suivre par AMM.
Et plus que nous toutes ici, tu as réellement suivi le chemin de vie et de mission d’AMM »
Comme elle, fille d’avocat, envoyée en mission dans le faubourg d’Aiguilhe au 17è s,
Toi, Andrée, fille de notaire, d’un milieu privilégié, tu as été envoyée comme pionnière dans la grande banlieue de St Quentin en Yvelines à Trappes en 1971 / XXè s où je vous ai rejointes en 1973 !
Un autre type de périphérie dans une ville à la population arc en ciel, mal famée !
Dès le départ tu as su apprivoiser ce peuple « tout en couleurs » qui t’a pleinement adoptée !
Tous les témoins encore vivants sont unanimes à souligner ta bonté joyeuse et rayonnante, ta simplicité, ton souci permanent de « faire plaisir » jusqu’à l’excès parfois ! Ta proximité avec les familles défavorisées, et ton charisme très particulier pour le soin des enfants que tu avais acquis et manifesté depuis ta jeunesse dans ta famille et dans des missions précédentes dans les classes maternelles à Issoire et Angoulême.
Sur un journal de 1994, on peut lire sous la plume de notre cher ami Charles Sco :
« Elle part tôt le matin pour son métier de travailleuse familiale : grande responsabilité et petit salaire, le sourire toujours présent, elle ne se nourrit pas de baratin, il ya qq chose à faire, alors , on s’y met ! » La municipalité de Trappes avec son maire B. Hugo (PCF) ont reconnu tes mérites, puisqu’ils t’ont faite « citoyenne d’honneur de la ville de Trappes »
A.Marie qui t’a bien connue témoigne : « Andrée c’était une présence maternelle et très joyeuse : elle portait en elle la joie ! »
Et Marcelle, notre voisine et amie depuis toujours, ne cesse de répéter combien tu as incarné la bonté, la générosité, la tendresse et la joie .On peut dire que tu as vraiment répondu à l’appel de Jésus « doux et humble de cœur »
Témoignage de Lucienne :
Andrée, je suis arrivée à Trappes où tu étais déjà depuis l’ouverture de cette communauté en 1971.Toutes 2 nous étions travailleuses familiales Je me rappelle ton souci d’arriver à l’heure dans les familles, parfois je t’emmenais la veille repérer le lieu où tu devais aller le lendemain. Ton attachement aux familles qui comptaient beaucoup pour toi. Je revois la nuit où, à minuit, on te téléphone pour aller chercher des médicaments pour un père de famille , tu étais prête à partir aussitôt à pied, il n’était pas question d’attendre le lendemain ; je t’ai alors accompagnée à la pharmacie de garde qui était loin .
Avec les enfants du quartier et le copain Charles, tu as créé l’ACE inter religieuse : chrétiens et musulmans se retrouvant ensemble pour jouer et réfléchir !!
J’ai aussi un souvenir des soirées passées avec les amis à jouer à la belote , tu aimais ce jeu, mais tu n’aimais pas perdre ! Alors une petite colère qui te faisait faire le tour de ta chaise pour te calmer et vite la partie reprenait de plus belle !
Il y avait aussi nos réunions d’ACO qui était devenue une fraternité !
Et de Trappes, après quelques années d’éloignement et ton séjour en Charente à Roumazière, nous nous sommes retrouvées pour une nouvelle mission à Alfortville (94) dans le grand ensemble très semblable à Trappes de par sa population internationale et très populaire .
Mais le temps avait passé, tu avais vécu en province, à la campagne et tu t’es retrouvée perdue au milieu des grands immeubles du quartier alors que ta chère sœur M. Claire t’avait préparé un album de photos du quartier pour t’aider à te repérer, à t’intégrer dans ce nouveau lieu de mission.
Marie Claire, ta chère sœur, un nom magique ! En entendant ce prénom ton regard s’éclairait de 1000 étoiles ! Ta sœur chérie qui t’a bien accompagnée dans tes dernières années de traversée du brouillard, ses visites, ses cartes, ses albums, ses cadeaux !!
Andrée, toujours accueillante, les bras grands ouverts et le regard pétillant de bonheur quand on te rendait visite à Aurillac.
Andrée toujours « en marche » !…Ce qui était parfois dérangeant à la Providence ….mais ici au Cantou de Nazareth tu as su très vite prendre tes marques et découvrir un parcours qui te permettait de marcher sans problème !!
VA ! Jolie colombe ! Prends ton envol ! Rejoins tous ceux qui t’attendent et t’accueillent !
Et n’oublie pas de veiller sur nous maintenant !
Tu nous restes très présente ! Nous comptons sur toi !
Obsèques d’Andrée « Dédée » Laville, notre tatie-sœur.
Nombreux sont ceux qui l’appellent Andrée, sœur Andrée. Pour nous, sa famille, elle a toujours été Dédée, notre tatie Dédée.
Dédée nous a montré que choisir de vivre dans une communauté religieuse ne demandait pas de se couper de sa famille.
Je ne l’ai jamais connue au couvent.
Pour nous, une religieuse en civil, c’est normal. Une communauté de sœurs qui vit en appartement dans le square Léo-Lagrange et travaille au service de la population à Trappes, c’est normal. Une sœur qui part à la retraite et à qui une municipalité communiste remet la médaille d’honneur de la ville, c’est normal.
Pendant plus 20 ans, elle a aidé et accompagné des familles aux coutumes et aux origines diverses. Aux situations sociales difficiles. Sans misérabilisme, son entrain et son sourire vallent largement le « Yallah ! » de sœur Emmanuelle. Elle nous le partageait à table à la maison, je me rappelle :
- D’une famille qui l’invite à partager un repas le dimanche, assis par terre dans le salon autour du plat commun en mangeant avec les doigts
- D’une autre, où elle rappelle aux enfants de sortir leur tapis et de prier après avoir fait les devoirs
- De la condition des familles ouvrières avec les pères qui font les 3×8, partent ou reviennent à la nuit, des mamans malades et les enfants qui doivent alors préparer le repas du soir
- Du mari alcoolique et violent face qui elle s’interpose et qui finit par arrêter les coups et l’alcool
- De cette personne qui croit de bonne foi que « crédit gratuit » signifie « c’est gratuit » et qui se surendette
- Du divorce quand c’était encore peu fréquent. Le nouveau mari que les enfants n’aimaient pas. C’est pourquoi ils avaient appris au mainate à l’accueillir chaque soir d’un sonore « Léon t’es con ! t’es con ! »
- De la femme qui se prostitue à domicile, avec qui Dédée se met d’accord pour afficher sur la porte de l’appartement « madame ne reçoit pas le mercredi et le vendredi de 15h à 17h » (selon ses heures de travail à elle)
Avec Dédée, c’est donc une Eglise souriante, ouverte, accueillante, bienveillante, attentive, douce, généreuse qui habite chez nous. Partageant la vie des laïcs. Au cœur des intuitions prophétiques du Concile Vatican II, nous invitant à rechercher Dieu dans le monde, à le trouver chez l’autre, en acceptant d’en être bousculé.
En famille, elle est là autant que possible aux baptêmes, aux 1ères communions, professions de foi, aux mariages. Elle passe régulièrement ses vacances dans chacun de nos foyers. Elle nous accompagne et nous aime tous : ses frères, sœur, beau-frère, belles sœurs, ses 15 neveux et nièces, 34 petits neveux et déjà une poignée d’arrières petits-neveux.
Dans chacune de nos maisonnées, on sait où est sa place à table, où est son lit. On sait dire « c’est la chambre de Dédée ici ».
Dédée, c’est une nature heureuse, pas compliquée. Un nez qui pète aux anges, le même qu’on retrouve chez sa nièce Caroline et sa fille Salomé. Un sourire jusqu’aux oreilles et qui fait du bien.
Toujours partante pour une ballade, pour jouer au scrabble, aux cartes, aux dames… je garde le souvenir de parties de belote avec mon Pépé. Il triche un peu, ma sœur Cécile aussi, Dédée rigole de bon cœur.
Elle va à la messe même pendant les grandes vacances. Façon discrète de nous dire que Dieu, lui, ne prend pas de vacances.
Jusqu’à cet été où elle rentre à la maison en disant « j’ai pas trouvé l’église » à La Cavalerie. Et puis quand elle ne nous a pas reconnus à notre arrivée : « bonjour monsieur, on se connaît ? ». Ce furent ses dernières vacances en famille.
Elle n’a pas été de ce pèlerinage à Etalon en 2008 sur les traces de son père combattant de 1914-1918. Ni de ces grandes retrouvailles familiales à Péronne en 2018 pour le centenaire, que son frère Régis avait tant désirées. Elle aurait aimé retrouver comme nous tous François, fils de son petit frère Jacques, après plus de 30 ans d’absence.
Aujourd’hui, elle nous passe la petite flamme de la simplicité, l’humour, la tendresse, l’humanité, la bienveillance, la foi, l’action et l’amour. Pas besoin de faire grand bruit pour faire œuvre évangélique. A nous de mettre en œuvre ce programme écrit en 4 lettres sur la croix qu’elle portait toujours en médaillon autour du cou, sur son coeur : « GDPH – Gloire à Dieu, paix aux hommes ».
Écrit et lu le 25/10/2021 par Pierre-Guilhem GROUSSET, fils de sa sœur Marie-Claire (neveu n°8/15)
1 Comment
très grand merci d’avoir reproduit le mot de notre fils pierre-guilhem lors des obsèques de sa tatie Dédée / en le relisant nous avons encore pleuré mon époux Louis-Marie et moi-même Marie-Claire sa soeur